Emile Dewoitine

Créateur des usines de Toulouse

 

    Emile Dewoitine

Né le 26/09/1892 à Crépy en Laonnois il passionné tout jeune par le vol des oiseaux et fabrique des modèles réduits de planeurs. Il entre à l’école Bréguet mais la quitte avant d’obtenir son diplôme pour s’engager dans l’aéronautique militaire.

Emile Dewoitine, caporal à Biskra (Algérie) en 1912, pendant sa période militaire qui précède celle de constructeur d’avion.

Il rejoint l’escadrille saharienne comme mécanicien observateur et construit un véhicule capable de se déplacer dans la sable sans s’enliser, l’Aérosable appelée aussi La Sauterelle.

Il se porte volontaire pour l’armée d’Orient. Il organise la production d’avions Voisin à Odessa puis crée en 1916 une usine à Simféropol en Crimée. Lors de la révolution dite d’Octobre, il décide de rentrer en France et démarre alors un long périple de mai à août 1917 qui le conduira à Moscou, Stockholm, Aberdeen en Ecosse, Londres Le Havre et enfin Paris.

En 1917, la Direction de l’Aéronautique refuse de le renvoyer au front et l’envoie chez Latécoère à Toulouse comme chef de fabrication pour produire 1000 Salmson 2A2.

Démobilisé en 1919 et suite au refus de Latécoère de le laisser diriger un bureau d’études, il loue un deux pièces rue Lafayette ou il installe une planche à dessin, et crée sa propre entreprise la CAED (Construction Aéronautique Emile Dewoitine) en 1920.

Il y étudie plusieurs avant projets pour répondre aux marchés officiels proposés par les militaires, ainsi que des projets de planeurs sur ses fonds propres.

Planeur P1 de 1920

Il travaille avec des artisans qui possèdent un atelier de chaudronnerie boulevard Riquet, puis il loue un ancien entrepôt de 4 000 m2 situé Boulevard Pasteur et y aménage un atelier de montage.

Le personnel en 1920 – 1922

C’est celui ci qui sera à l’origine de l’usine de St Eloi, un des berceaux de l’aventure aéronautique de Toulouse. 

C’est ici que prendra vie le Dewoitine D1, chasseur monoplace, fait  d’une coque en métal à revêtement travaillant, concept novateur pour l’époque et qui distinguera Emile Dewoitine. (Les avions de cette époque étaient tous des biplans haubanés)


Il embauche un peu plus tard Marcel Doret en juin 1923. Le D1 sera un beau premier succès produit à 230 exemplaires.

Viendront ensuite les D7 et D9 pour lesquels il prospecte en région parisienne pour créer une nouvelle usine plus près de Paris ou se concentrent les industries aéronautiques.

Emile Dewoitine et Barbot, pilote d’essai en 1923, devant l’Aviette (D7).

Le siège de la CAD (Construction Aéronautique Dewoitine) avec l’appui financier de Mitsubishi firme japonaise sera finalement implantée à Châtillon sous Bagneux en 1924. La fabrication restera à Toulouse.

D9

Les relations avec les services officiels ne seront pas toujours au beau fixe et cela n’aidera pas Emile Dewoitine dans le développement de son entreprise. Il entre dans une période difficile à partir de 1923 et après l’annulation du marché du D4 par le ministère de l’Air, et aussi en manque de commandes, la C.A.D. ferme fin février 1927.

En 1928, Dewoitine est accueilli en Suisse aux Ateliers Fédéraux de Thoune pour fabriquer les D26 et D27, alors que se terminent à Toulouse les D9, D19 et D21. Dans le même temps, Pierre Autier directeur de la CAD, resté à Toulouse, s’occupe de l’assainissement financier, et suite à une entente avec l’industriel Edgar Brandt et sa société AMG (Armements et Matériels de guerre), Emile Dewoitine crée une nouvelle société « Etudes et Constructions Aéronautiques » renommée la SAF (Société Aéronautique Française).

L’usine de Toulouse ré-ouvre en 1928, grâce au marché des prototypes du ministère de l’Air et un accord financier avec la PMI (Participation Mobilière et Immobilière).

Marcel Doret, pilote d’essai de Dewoitine de 1923 à 1939 sur plus de 40 prototypes. Aussi pilote de voltige sur son D27, pilote de grand raid sur le D33 Trait d’Union, l’un des premiers pilotes de ligne sur la ligne d’Orient, établit plus de 18 records internationaux comme les records de distance en circuit fermé et les vols de plus de 10 000 km sans escale vers l’Asie et le Japon. Plus tard en 1944 il sera pilote de guerre. Il prend le commandement du 1° groupe de chasse FFI aux commandes des D520 repris aux allemands. Il se consacre ensuite aux meetings et vols de démonstrations jusqu’en 1955.

 

Le siège part à Paris, un bureau d’avant projets à Châtillon, l’usine à Toulouse. Le dossier du D27 relancera la machine auprès des services du ministère.

Un accord fut établi entre la SAF et LeO (Lioré et Olivier) pour cette période allant de 1930 à 1937, ou seront produits quelques 36 prototypes et plus de 700 avions de série.

Mesmin Doret Dewoitine Le Brix (époque du D33)

Marcel Doret aux commandes de son D27 de démonstration


Dans le D33, avion grand raid baptisé “Trait d’Union”

 

C’est en 1933 qu’est installé un hall de montage à Francazal et qu’est créée l’usine de St Eloi à coté de Pasteur pour répondre au  développement de l’entreprise et à l’augmentation des heures de production. Plus de 400 appareils des séries D500, D510, D513 et suivantes seront alors produits.

Il s’ensuit ici une deuxième période difficile ou de graves différents se produisent entre Dewoitine et LeO. En 1935 il est privé des ses initiatives et démissionne de sa société. Il monte à ce moment là un bureau d’études au 12 rue Déodora dont il supportera seul les frais, et ou il continuera à développer les successeurs  des D510.

En 1937 les sociétés aéronautiques françaises sont nationalisées et Pierre Cot ministre de l’Air le charge de créer la SNCAM (Société Nationale de Construction Aéronautique du Midi).

Les sites de St Eloi et Francazal ne suffisent plus, et c’est en 1939 que naît le projet d’usine au lieu dit St Martin du Touch près de la piste de Blagnac. Il y a aussi le projet de création des usines sur Tarbes (qui deviendra plus tard la SOCATA) pour répondre à la commande importante du D520.

Le trimoteur de transport D338 et le chasseur D520 resteront dans la mémoire comme faisant parti des meilleurs appareils de cette époque malgré que ce dernier soit arrivé un peu tard. Le conflit de 39 stoppera cette dynamique et une période de transition apparaîtra pour les usines de Toulouse.

En 1940, avec l’accord du gouvernement, il part aux Etats Unis offrir ses services, mais après l’armistice le gouvernement qui a changé (Gouvernement de Vichy) le fait rentrer sous un faux prétexte et l’emprisonne. Un non lieu le fait libérer en 1941 mais sachant que le gouvernement de Vichy prépare de nouvelles accusations, il passe clandestinement en zone occupée et monte un bureau d’études à Paris. A la libération en 1944, les accusations reprennent contre lui et il fuit en Espagne puis en Argentine. Il est condamné en France par contumace.

En 1947 en Argentine, il est chargé de mettre en place une industrie aéronautique nationale et travaillera là bas sur les D700, Pulqui à réaction, et El Boyero.

Emile Dewoitine montrant une maquette d’étude de soufflerie du D720 en Argentine en 1948. (Bureau Dewoitine Aviacion)

Sans contrats supplémentaires, il revient vers l’Espagne en 1952 et collabore à Madrid avec l’AISA (Aeronautic Industrial Societad Annima). Nostalgique du pays, arrivant à la soixantaine, son épouse prépare son retour en France pour faire réviser son procès. Il sera mis en liberté provisoire jusqu’à son jugement ou il est finalement acquitté.

En 1956 il abandonne sa carrière aéronautique car les portes se ferment les unes après les autres. Il part s’installer en Patagonie où il achète un ranch de 14 000 Ha et un élevage de 8 000 moutons. En 1962, mis en demeure de rembourser un prêt qu’il avait contracté, il est obligé de vendre précipitamment et rentre s’installer en Suisse.

Il est l’invité d’honneur le 28 juin 1971 à la cérémonie du cinquantenaire de la création de l’usine Pasteur organisé par Bernard Dufour, directeur des usines de Toulouse.

Quatre ans plus tard, en 1975, après avoir pas mal voyagé, il s’installe définitivement à Toulouse pour prendre une retraite bien méritée.

Il est à nouveau accueilli dans les usines de Toulouse pour être le parrain de la promotion des élèves de l’EPIA (Ecole Professionnelle de l’Industrie Aéronautique), promotion 1976-1978, qui remettra en état de vol un D520 aujourd’hui présenté au musée de l’Air.

Entouré et vénéré de ses amis, on le voit souvent aux manifestations d’aéromodélisme organisées par le LAC (Loisir Art Culture) du comité d’entreprise de l’Aérospatiale. Il meurt à l’hôpital de La Grave en 1979.

 

Evolution des effectifs usines de Toulouse

CAED CAD SAF
1920-1923 1924-1927 1928-1936
50 130 700
SNCAM SNCAM SNCAM SNCASE
1937-1938 1939-1940 1941-1943 1944-1958
1590 9375 4346 6004

 

Sud Aviation

1959-1970

8437

SNIAS Aerospatiale Aerospatiale Aerospatiale
1970-1979 1980-1989 1990-1993 1994-1996
7099 8155 9169 8791

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